Éducation & Recherche
Un géographe sur Mars, ou presque
30 janvier 2025 | Xavier Fodor
Esri BeLux a offert son soutien à l’expédition MarsUCLouvain. Récemment diplômé, Maxime Foucart revient sur cette expérience hors du commun. Il a notamment utilisé ArcGIS Pro pour cartographier les tempêtes et les sorties extravéhiculaires sur ce qui pourrait être la Planète rouge…
« Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour la géomatique ». Un jour peut-être, cette phrase sera prononcée ailleurs dans la galaxie. En ce 2 avril 2024, elle trotte déjà dans la tête de Maxime Foucart. Le jeune homme réalise sa première sortie en dehors de la Mars Desert Research Station ; la seconde pour l’équipage 296 « Atlas » de cette mission opérée durant 15 jours par « MarsUCLouvain ». Vêtu d’une combinaison grise, son casque bulle vissé sur la tête et un système de ventilation dans le dos, Maxime s’avance vers l’endroit qu’il a préalablement déterminé pour y installer une petite station météo. « La manœuvre est précise à quelques centimètres, explique-t-il. J’ai étudié l’endroit idéal avec ArcGIS à partir du Modèle Numérique de Terrain obtenu par mon coéquipier, Louis Joseph, qui a fait voler, dès notre arrivée, un drone sur la zone ». Autour de lui, le paysage ocre donne l’illusion de fouler le sol de la Planète rouge. Une impression qui s’envole juste lorsqu’on aperçoit au loin des montagnes enneigées...
De fait, durant quinze jours, huit étudiants belges occuperont cette surprenante station de la Mars Society dédiée à la recherche scientifique. Campé au beau milieu du désert de l’Utah (États-Unis), ce lieu autonome, presque totalement isolé du reste du monde, reproduit depuis 2011 des conditions réalistes de missions d’exploration spatiale, malgré une distance effective de 62 millions de kilomètres entre la Terre et Mars.
N'empêche, pour le jeune homme, c’est presque un rêve qui se concrétise. Depuis tout petit et ce modèle en Lego de la navette spatiale Discovery qu’il a reçu en cadeau, il a le spatial dans la peau. À treize ans, il passe des heures devant l’émission télévisée de vulgarisation scientifique « Cosmos » à écouter son animateur, le scientifique et astronome américain Carl Sagan, évoquer la place de la Terre dans l’espace. Il y a aussi toutes ces histoires de son grand-père, qu’il n’a malheureusement pas connu, qui travaillait comme juriste à l’Agence spatiale européenne (ESA), et ces séjours à l’Euro Space Center, le centre thématisé de sensibilisation aux sciences spatiales à Libin, en Ardenne belge. Maxime y vit d’abord une semaine dans la peau d’un astronaute Junior, avant d’y revenir quelques années plus tard pour un job d’animateur. « En sortant de la secondaire, j’étais convaincu de vouloir faire une carrière dans l’astronomie, nous explique-t-il. Mais je n’étais pas fait pour les études trop théoriques de physique ou de biologie. En revanche, j’ai vite apprécié l’approche plus appliquée et concrète de la géographie. D’ailleurs, je suis convaincu de l’intérêt d’appliquer les principes de la géographie à d’autres planètes, comme Mars ou la Lune ».
C’est durant son parcours en Bachelier de sciences en géographie que Maxime Foucart a découvert le SIG. « Les cours m’ont appris les bases pour pouvoir réaliser des cartes. Peu à peu, jusqu’en Master en sciences géographiques à option approfondie à l’Université catholique de Louvain, notre formation développe une approche vers des analyses de données spatiales et un traitement de données qui nécessitent des logiciels plus poussés. Au départ, nous avons utilisé ArcMap, avant d’évoluer vers ArcGIS Pro. Ce qui est intéressant, c’est que nous pouvons réaliser un travail de A à Z. Par exemple, nous sommes partis de données brutes de MNT pour réaliser les cartes d’aléas de glissements de terrain en Wallonie. Nous avons travaillé de la même manière autour de l’aléa inondation peu après les événements qui se sont déroulés dans la province de Liège ». Alors, après avoir participé à d’autres projets étudiants comme « Kot Astro », Maxime Foucart a postulé pour s’enrôler, en marge de sa dernière année, dans l’aventure MarsUCLouvain.
Une expérience avec l’Observatoire Royal de Belgique
Chaque année depuis plus de dix ans, un équipage de l’université belge est rigoureusement sélectionné pour réaliser une mission dans le désert de l’Ouest américain. Astronome, médecin de bord ou ingénieur, l’expédition 2024 a compté pour la toute première fois un géographe dans ses rangs grâce à Maxime. « Je crois qu’il n’y en avait d’ailleurs jamais eu dans la station. Quand bien même il y a des cartes pour préparer les missions ou transmettre des coordonnées au « Ground control » qui suit la position des astronomes lors de sorties extravéhiculaires à pied ou en petit buggy », confie celui qui a apporté avec sa discipline inédite, une nouvelle compétence : la maitrise d’ArcGIS. « En tant que géographe, j’ai besoin d’outils puissants afin de cartographier correctement nos sorties, détaillait Maxime dans une vidéo présentant son expérience montée en partenariat avec l’Observatoire Royal de Belgique et Esri BeLux qui a fourni la licence ArcGIS, un GPS et du matériel de prélèvement géologique. Mon étude a porté sur le transport de poussières par les tempêtes martiennes, avec l’objectif de prévenir l’usure des matériels déployés. J’ai donc installé une station météo qui a récolté des données dans le désert, afin de pouvoir les comparer avec des données de sondes envoyées sur Mars ou de données satellites provenant de Mars. ArcGIS m’a servi à cartographier et à comprendre le terrain autour de la station météo en utilisant des données provenant de drone. J’ai aussi pu établir une comparaison entre les tempêtes que l’on observe sur Mars et sur Terre ». Son coéquipier, Louis Joseph, étudiant en 2e année de Master de Bio ingénieur avec une spécialisation dans le développement durable, ajoute dans cette vidéo qu’ArcGIS permet de mieux comprendre et observer les résultats de l’expérience basée sur l’utilisation d’un drone et de la photogrammétrie : « Outre l’analyse des modèles 3D créés à l’aide du drone, des modèles numériques de surface et d’orthomosaïques, l’outil sert à représenter tout cela sur des cartes facilitant la compréhension du grand public ». Enfin, il faut préciser que l’outil d’Esri a permis pour la première fois un géoréférencement précis des lieux de collectes d’échantillons autour de la station scientifique…
Aujourd’hui, Maxime Foucart a 25 ans et son diplôme en poche. S’il rêve toujours de pouvoir travailler à l’ESA et n’a rien oublié de cette parenthèse martienne, il a bien les pieds sur Terre. Il est actuellement chargé de projet au sein de l’agence intercommunale de développement territorial IDETA à Tournai. Sa mission consiste à réaliser un large diagnostic sur l’ensemble des 20 communes, en appuyant notamment ses analyses et la restitution cartographique des résultats sur ArcGIS. D’un coin de l’œil, il suit toujours le projet MarsUCLouvain. « Ils ont à nouveau intégré un géographe dans l’équipe 2025 », sourit-il. Un petit pas pour l’homme…
Esri Belux s’implique dans l’éduction au SIG
Au sein d’Esri BeLux, Marie-Ange Lebon est notamment chargée du secteur de l’éducation. « En moyenne, 18h sont consacrées par an à l’enseignement du SIG à l’université. Mon rôle est de veiller au bon déploiement des licences et à leur renouvellement afin de faire en sorte que les professeurs et les étudiants puissent travailler avec ArcGIS, détaille-t-elle. Si nous souffrons de concurrence avec d’autres solutions logicielles pour les niveaux Bachelor, dès que les étudiants commencent à aborder des notions plus avancées et à travailler avec des images, de la 3D ou des jeux de données professionnelles, ArcGIS est la référence, utilisée en priorité. C’est aussi un atout incontestable pour les étudiants qui, une fois diplômés, vont travailler dans des organisations utilisant pour beaucoup ArcGIS ».
Ainsi toutes les universités et les grandes écoles du pays sont dotées de licences dans le cadre du programme Esri Education Institution Agreement. Si certains professeurs « respirent ArcGIS », rien n’est acquis pour autant. Comme l’explique Marie-Ange Lebon, « de moins en moins d’étudiants choisissent la voie de la géographie. Nous jouons un rôle de promotion de la géomatique dès la maturité (équivalent au baccalauréat, ndlr.) et dans les différentes disciplines comme l’archéologie ou la géologie ».
Régulièrement, l’équipe d’Esri BeLux intervient pour de journées étudiantes. La formation des professeurs à ArcGIS est aussi importante. De courtes sessions s’organisent directement dans les établissements pour démontrer les capacités de la plate-forme et présenter ses possibilités. Une à deux fois par an, un séminaire est organisé avec une quinzaine de professeurs et régulièrement des newsletters mettent l’accent sur les formations en ligne d’Esri Academy et des MOOC, cours en ligne gratuits, donnant parfois lieu à des certifications.
Il y a aussi à Bruxelles le « GIS Student Day » (La prochaine édition aura lieu le 20 février 2025). Durant une journée, des étudiants et des professeurs, parfois à la tête d’un groupe de jeunes, se retrouvent pour des ateliers permettant de plonger dans des sujets SIG d’actualité et de découvrir les dernières nouveautés logicielles. Plusieurs témoignages sont également proposés, offrant une vision d’usages très variés. « C’est l’occasion pour certaines organisations, comme cette année le ministère de la Défense, de détailler aussi bien leurs pratiques du SIG, que de faire la promotion des postes de géomaticiens à pourvoir ».
Une jolie manière pour Esri BeLux de contribuer au rapprochement des mondes académiques et professionnels…
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